Bourse de Master 2022 - Interview Lauréate Chiara Lupano

Au cours de mes deux premières années de licence d’histoire de l’art à l’université Panthéon-Sorbonne, j’ai découvert le monde des ventes aux enchères. Je me suis donc réorientée vers un double cursus droit et histoire de l’art afin de pouvoir évoluer, à l’avenir, dans le domaine du marché de l’art en tant que commissaire-priseur. Parallèlement, je me suis aussi formée à la gemmologie à l’Institut National de Gemmologie.
Cependant, je souhaite à présent consacrer mes études à la recherche, à travers un travail de spécialisation dans les arts décoratifs, et plus précisément celui de la joaillerie du XIXe et début du XXe siècle.

J’ai découvert les porte-bouquets lors de l’exposition « Paris Romantique, 1815-1848 » au Petit Palais en 2019. Etonnée du peu d’information qui figurait sur les cartels et souhaitant écrire un mémoire autour de la joaillerie mais aussi des arts décoratifs, de la mode et du marché de l’art, ces objets ingénieux et esthétiques m’ont paru propices à une recherche universitaire. Par ailleurs, les porte-bouquets ont connu un vif succès dans le milieu mondain tout au long du XIXe et début du XXe siècle en Europe et notamment à Paris, et ont donc produit une riche documentation qu’il reste cependant à étudier (Brevets d’invention, dessins, catalogues de ventes, inventaires).

Ces objets restent encore largement inédits, mais offrent pourtant différentes perspectives d’études et angles d’analyses intéressants, portant sur le style de ces œuvres, la diversité de leurs formes et des matériaux employés et sur leur fonctionnalité dans une sociabilité mondaine et privilégiée.
Mon travail consistera donc à retracer la trajectoire historique des porte-bouquets, comprendre le contexte de leur création et voir l’évolution technique et matérielle des formes et des typologies de cet objet, en m’appuyant sur la consultation des archives concernant les joailliers mais aussi la mode, et l’observation attentive  des œuvres.

Mon approche de la joaillerie était, dans un premier temps, essentiellement esthétique. Lors de mon stage dans l’étude Osenat en 2020, j’aimais tout particulièrement m’occuper de la préparation des ventes bijoux, qui me permettaient d’observer des gemmes et des créations diverses, anciennes ou modernes, griffées ou non.
Depuis, mon interêt pour la joaillerie n’a eu de cesse de croitre, notamment au travers de ma formation professionnelle de gemmologie, qui m’a apporté une dimension à la fois théorique, pratique et scientifique de l’étude des pierres gemmes. Je l’ai prolongée à travers ma collaboration régulière auprès de l’expert gemmologue M. Hector Yaiche lors des ventes de bijoux à Drouot. J’ai également touché du doigt, avec beaucoup d’intérêt, le processus d’expertise des bijoux auprès de Maitre Sabine Sourdoire, commissaire-priseur et gemmologue.

Dans le cadre de ma recherche universitaire, les objets ont une importance primaire ; pouvoir aller étudier les porte-bouquets de mon corpus dans leurs lieux de conservation, tel que le Victoria and Albert Museum, constitue ainsi une étape essentielle d’analyse formelle mais aussi documentaire, que la bourse de Master pourra financer.

Je connaissais L'École des Arts Joailliers pour ses expositions, telle que Le bijou dessiné, que je suis allée en voir en décembre 2021. En revanche, c’est ma directrice de mémoire,  qui m’a fait découvrir cette bourse destinée à la recherche universitaire.