Enfant, j’ai été fascinée devant un camée très similaire, peut-être du même lapidaire sicilien, dans le cercle de la cour de Frédéric II, au MET. Il n’est pas du tout surprenant que les artistes glyptiques (le mot lui-même d’origine grecque !) aient célébré Hercule de tout temps. Les arts glyptiques furent les témoins les plus estimés et recherchés du passé. Ghiberti se vantait plus dans ses Memorii des camées qu’il montait pour les Médicis, que de ses portes pour le baptistère. Comme Michael Lewis a dit dans sa thèse pour Princeton University : les camées et intailles furent les précieux porteurs des messages du passé que tous les savants cherchaient à décrypter.
Bien sûr, les artistes glyptiques d’antan, célébrant l’Antiquité, choisirent Hercule comme sujet de prédilection. On retrouve ce premier travail du héros sur de nombreuses monnaies anciennes. Hercule, dont le nom signifie « à la louange de Héra, est la victime depuis sa naissance, de la rage de Héra, à cause du fait que Zeus l’a engendré avec Alcmène. Mi-humain, mi-dieu, descendant de Persée, il résonne depuis l’Antiquité dans l’imagination humaine, jusqu’à nos jours pour les enfants, à travers les bandes dessinées.
Cette pièce magnifique est sculptée de sorte que l’Hercule brun et le lion, presque translucide, s’élèvent de la base blanche, la couche brune de sardonyx ayant été méticuleusement découpée par un lapidaire du 13ème siècle pour révéler la scène. Regardons l’expression sereine de l’héro, et les pattes et griffes géantes agrippant ses jambes fortement musclées. Les griffes du lion de Némée pouvaient couper tout le métal et n’importe quelle armure, c’est pourquoi il a utilisé l’une des griffes pour écorcher le lion afin d’obtenir la peau, qui pouvait répulser tous les armes, qui deviendrait son attribut protecteur. Il se dresse sur un basilic, bizarre combinaison de reptile et coq, monstre datant de l’Antiquité, qui n’a rien à voir avec le mythe grec, un add-on médiéval typiquement délicieux.
Photo : Sicile, XIIIe siècle, Hercule terrassant le lion, Camée en sardonyx sur une bague en or émaillé, Collection Guy Ladrière, Photo Benjamin Chelly
