Le bijou, la plus ancienne forme d’art de l’humanité

Le saviez-vous ? Le bijou est la plus ancienne forme d’art de l’humanité. Les tout premiers ornements connus et identifiés datent d’environ 150 000 ans avant notre ère, bien avant les premiers décors peints dans les grottes. Il est impressionnant de réaliser qu’à L’École des Arts Joailliers, notre sujet quotidien – le bijou – accompagne l’humanité depuis des millénaires.

Bizmoune Cave, Essaouira (Morocco)

Ces bijoux ont été retrouvés récemment, entre 2014 et 2018, près d’Essaouira au Maroc, dans la grotte de Bizmoune. Leur découverte, extraordinaire !, n’a été révélée que l’an dernier. Il s’agit de trente-deux petits coquillages, à première vue insignifiants, fort modestes par leurs dimensions et leur simplicité. En les observant de plus près, ils présentent pourtant de précieux indices prouvant qu’ils ont été façonnés par l’homme pour être portés : des traces de perforation et de polissage sont visibles ainsi que des restes de pigment rouge.

Ces coquillages formaient-ils un collier, plusieurs bracelets, une ceinture ou étaient-ils simplement cousus sur des vêtements ? Il est difficile de répondre à cette question, mais les archéologues s’accordent à les considérer comme les plus anciens ornements connus de l’histoire et comme la première forme d’expression artistique de l’humanité. Ils ont en effet été retrouvés loin de la côte, à une cinquantaine de kilomètres et n’ont pas été collectés pour la nourriture. C’est donc pour un tout autre usage, ornemental, qu’ils ont été récoltés, transportés, façonnés et finalement portés par l’homme. En raison de leur petite taille (un centimètre de long en moyenne), une réelle dextérité a été nécessaire pour les percer sans les briser : ceux qui ont créé ces premiers bijoux ont démontré un véritable savoir-faire !

 

 

Bizmoune Cave shell beads, Essaouira (Morocco)

 

Si la date de ces ornements est exceptionnellement ancienne, de tels témoignages ne sont pas rares. De nombreux coquillages ont été découverts dans différents chantiers de fouille archéologique, en particulier dans le nord de l’Afrique. La fréquence de tels ornements dans cette aire géographique suggère des habitudes communes, peut-être même un usage symbolique partagé. Car la fonction de ces ornements primitifs était probablement sociale ou religieuse. Ils peuvent être interprétés comme l’expression de l’identité sociale et culturelle des porteurs. Ils témoignent aussi d’un système d’échange ou de communication entre groupes humains géographiquement éloignés.

Les trente-deux coquillages retrouvés près d’Essaouira sont donc riches de sens. Ils mettent en lumière l’antériorité du bijou sur toutes les autres formes d’art et disent le rapport intime de l’homme au bijou depuis la nuit des temps.

À L’École des Arts joailliers nous explorons et partageons avec vous toutes les dimensions du bijou, ses savoir-faire et son histoire, à travers les époques et les cultures. 

Dès le mois de mai, découvrez avec L’École la fabuleuse aventure de la glyptique, l’art des  pierres gravées, à travers notre prochaine exposition parisienne et nos conférences en ligne. Au sommaire également de ce Bulletin : la publication d’un nouveau livre qui fera référence, le Dictionnaire des joailliers, bijoutiers et orfèvres en France de 1850 à nos jours, et bien sûr le choix parmi plus de 30 cours d’initiation à l’histoire du bijou, au monde des pierres et au savoir-faire !  

Photo : Grotte de Bizmoune. © Grotte de Bizmoune, Essaouira (Maroc), Mohammed Kamal.

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Guillaume Glorieux
Professeur des Universités
Directeur de l’Enseignement et de la Recherche de L’École des Arts Joailliers