Rencontre avec Constance Guisset !

Designer, architecte d’intérieur et scénographe, a aménagé l’intérieur de l’hôtel de Mercy-Argenteau pour y abriter L’École des Arts Joailliers.

Rencontre avec Constance Guisset !

Constance Guisset a fondé son studio spécialisé en design, architecture intérieure et scénographie en 2009. Son travail est marqué par une recherche d’équilibre entre ergonomie, délicatesse et imaginaire. Ses objets sont autant de tentatives d’explorer l’incarnation du mouvement par la légèreté ou la surprise, tout en défendant une exigence de confort et d’accueil des corps et de leurs gestes.
Après des études à l’ESSEC et à Sciences Po, puis une année au Parlement de Tokyo, Constance Guisset choisit de se tourner vers la création et entre à l’ENSCI – Les Ateliers dont elle sort diplômée en 2007.
En 2008, elle reçoit le Grand Prix du Design de la Ville de Paris, le Prix du Public à la Design Parade de la Villa Noailles et deux Aides à Projets du VIA. En 2010, elle est nommée Designer de l’année au Salon Maison & Objet et obtient le Audi Talents Awards.
En 2021, elle reçoit la Médaille de la Fondation Académie d’Architecture 1977, attribuée à « des artistes qui contribuent à la création d’espaces architecturaux de grande qualité ».

Photo : Constance Guisset © Felipe Ribon

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L’École des Arts Joailliers, Hôtel de Mercy-Argenteau
Photo Benjamin Chelly

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L’École des Arts Joailliers, Hôtel de Mercy-Argenteau
Photo Benjamin Chelly

N’est-ce pas intimidant d’intervenir dans des lieux historiques ?

Intimidant, non… Mais, en effet, c’est un engagement et une responsabilité.
J’ai conscience que mon histoire est minuscule dans cet édifice qui date du XVIIIe siècle, et que mon intervention reste éphémère. Cela dit, mon cahier des charges n’est pas de mettre en valeur le bâtiment, mais d’aménager le lieu, de manière à y accueillir des expositions. Il ne faut pas que le cadre historique prenne le pas sur les oeuvres présentée

Dans cette perspective comment avez-vous procédé ?

L’architecture de la salle de fêtes, conçue à la fin du XIXe siècle, est rythmée par des colonnes. Nous avons construit des cimaises autoportantes, qui s’intègrent entre ces colonnes à la même hauteur : 5 mètres de haut – ce qui n’était pas aisé ! L’éclairage, par ailleurs, se devait d’être discret, respectueux du lieu. Je l’ai mis au point avec Aura Studio, qui m’accompagne pour l’éclairage technique. Les spots sont camouflés par leur finesse et leur couleur. Une belle lumière est celle qu’on ne remarque pas.

Pourtant, vous avez installé un lustre d’impressionnante dimension dans l’escalier… ?

L’entrée de l’hôtel n’est pas classée, elle avait été très abimée, et donc restaurée. Cela laisse plus de liberté. J’ai dessiné ce luminaire pour évoquer les somptueux lustres historiques qui ont disparu et pour accompagner le visiteur qui monte l’escalier. J’ai par ailleurs dessiné un lustre pour la salle d’exposition où les services des monuments historiques ne nous autorisaient pas à utiliser des rails de spots. Il a fallu trouver une solution pour faire référence aux lustres d’époque tout en intégrant les spots techniques.

Vous avez également aménagé la zone d’accueil, la boutique, les salles de cours…

Le premier enjeu consistait à rendre l’accueil agréable. Et à créer une circulation fluide. J’ai un rapport intuitif à l’espace. Je pénètre dans un lieu, je me prépare psychologiquement,
afin de comprendre les volumes : j’avance, ici je prévois d’abaisser le plafond – pour donner un rythme, je varie les hauteurs. Là, je crée un retrait où l’on se sent protégé. Ensuite, seulement
après la volumétrie, je pense à l’atmosphère. La forme du mobilier contribue au sentiment de confort. J’essaie d’apporter de la douceur. Je l’obtiens avec des meubles aux lignes arrondies. J’aime les courbes, gracieuses, délicates.

Un mot sur les matériaux ?

Il fallait que les matériaux soient à la fois résistants, pour recevoir un grand public, et raffinés. J’ai utilisé du chêne, du bois de placage, qui me rappelle l’univers du bateau, le code de la navigation, qui nous embarque loin…

La couleur est très présente dans votre décor, le bleu notamment ; quel est son rôle ?

Le bleu foncé, c’est la nuit, l’astronomie, le mystère… De plus, il rétrécit l’espace. Tous les montants, en revanche, sont peints d’un bleu lumineux contenant un peu de violet, cette couleur qu’on appelle pervenche, ce qui donne un beau contraste avec les passages sombres.

La future librairie, à l’évidence, vous a inspirée ?

En l’imaginant, je pensais à la bibliothèque du Nautilus, tel qu’elle apparait dans la bande dessinée Nemo avec ses larges hublots, ses lumières rondes… J’ai conçu la librairie, telle un cabinet de curiosités, sujet qui me passionne.

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L’École des Arts Joailliers, Hôtel de Mercy-Argenteau
Photo Benjamin Chelly

Un nouveau lieu pour L’École à Paris

Poussée par l’enthousiasme du public, L’École des Arts Joailliers prend de l’ampleur. Elle s’installe au sein d’un hôtel particulier du XVIIIe siècle, inscrit aux Monuments historiques, sur les Grands Boulevards à Paris.

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Richemont Twin Villa

Constance Guisset agence également les espaces intérieurs des campus de L’École qui ouvrent à Shanghai et à Dubaï en octobre 2023

À Shanghai, j’interviens dans deux superbes villas Art déco classées. La difficulté consiste à créer un lien entre les bâtiments et à imaginer une double circulation, un flux pour les expositions, un flux pour les salles de cours. À Dubaï, il s’agit d’un immeuble contemporain construit dans le « Design District ». Une coquille vide, c’est plus facile, on peut se permettre des fantaisies, voire un peu d’humour.
Les façades vitrées et la vue sur l’extérieur m’ont donné des idées.

Photo : Campus de L’École des Arts Joailliers à Shanghai, au sein des Twin Villas