Des Arts Martiaux aux estampes, en passant par la poésie et la gastronomie, la culture japonaise a profondément influencé l'émergence de nouvelles esthétiques à l'échelle mondiale. Dans les arts graphiques et décoratifs, les artistes japonais ont également exploré une vaste gamme d'expressions artistiques, notamment des techniques sophistiquées de métallurgie.
Le shakudō, qui se traduit par "cuivre rouge", est un alliage de cuivre enrichi d'or, connu pour sa propriété distinctive de développer une surface noire lorsqu'il est traité dans une solution chimique. En raison de son contenu précieux en or, cet alliage était principalement utilisé pour fabriquer de petits objets, mais il est surtout célèbre pour son application dans les montures de sabres de samouraïs, notamment les gardes (tsuba), les pommeaux et les fourreaux.
Avec l'interdiction des sabres au Japon en 1876, pendant l'ère Meiji, ces montures sont devenues obsolètes du jour au lendemain. Les samouraïs et les maîtres artisans ont été contraints de se reconvertir, et beaucoup ont transformé de manière créative leurs pièces de shakudō en bijoux destinés au marché d'exportation européen. Les diverses scènes représentées sur ces pièces reflètent cette transition, capturant les riches traditions et cultures du Japon au sein d'un monde en rapide mutation. Cette conférence invite le public à un voyage entre le domaine traditionnel des seigneurs de guerre japonais et le monde raffiné des collectionneurs européens, mettant en lumière l'intersection entre l'artisanat et la mode du bijou, une source d'inspiration pour des générations de créateurs à venir.
Avec Laure Raibaut, Commissaire d’exposition, historienne de l’art et spécialiste de l’art asiatique et européen
& Mathilde Rondouin, Historienne de l’art et professeur à L’École des Arts Joailliers.