Bourse de Master 2022 - Interview Lauréate Alice Barbaroux

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Alice Barbaroux

La lumière dans la joaillerie conceptuelle de Margaret de Patta (1903-1964)
Université Paris 1 Panthéon – Sorbonne, sous la direction de Eléonore Challine, Maître de Conférences

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Quel a été votre parcours avant de vous lancer dans un Master recherche ?

Alice Barbaroux

Avant d’intégrer un Master recherche, j’ai suivi une licence de philosophie en parallèle d’une licence d’histoire de l’art à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Après ma première année de licence j’ai pris une année de césure durant laquelle j’ai suivi des cours d’histoire de l’art contemporain latinoaméricain à l’Université de Buenos Aires, car je souhaitais me spécialiser dans ce domaine. J’ai aussi réalisé un stage de trois mois en recherche et conservation au Musée National d’Art Moderne de Mexico puis j’ai suivi des cours d’été en études de genre à l’Université de New York. Cette année je poursuis donc ce parcours académique par un Master 2 de recherche en histoire de l’art toujours à l’Université Panthéon-Sorbonne.

Comment avez-vous choisi ce sujet ?

Alice Barbaroux

En juin 2021, j’ai eu envie de suivre des cours de bijouterie-joaillerie dès la rentrée, pour découvrir cet artisanat, qui est très vite devenu  une passion. J’ai alors fait en sorte d’allier mes recherches à ma nouvelle passion, le bijou. Afin de trouver un sujet de recherche je me suis orientée vers l’histoire bijou du XXe siècle dans la mesure où l’art et la mode de cette période m’intéressent particulièrement. J’ai ainsi découvert le travail de la joaillière nord-américaine Margaret De Patta (1903-1964) qui m’a fasciné par son aspect expérimental. Par la suite, mon choix a été motivé par la journée d’études “Joaillerie et abstraction chez les artistes et créatrices du XXe siècle” organisée par l’École des Arts Joailliers au Centre Pompidou en juin 2021. En effet, la conservatrice Christine Macel évoquait dans son intervention la relation peu étudiée entre la pratique photographique et la pratique joaillière de Margaret De Patta. Il a donc été évident que mes recherches en première année de master porteraient sur cette relation qui associe le bijou et les arts visuels. Ces recherches m’ont amenée à analyser en seconde année les enseignements, les écrits et l’influence directe de Margaret De Patta sur une nouvelle génération d'artisans d’art en Californie.

Quel en est l’intérêt, l’originalité ?

Alice Barbaroux

Aucun travail de recherche universitaire au sujet de Margaret De Patta n’avait été réalisé en France et il n’existe aucune analyse complète des écrits et des enseignements de Margaret De Patta, même en langue anglo-saxonne. Il me paraît intéressant d’étudier des archives manuscrites théoriques et pédagogiques pour éclairer les créations de la bijoutière. Il me semble qu’il est rare de pouvoir disposer d’autant de sources écrites d’une créatrice de bijoux. Ce travail permettra également d’étudier le rôle de Margaret De Patta au sein de la Metal Art Guild de San Francisco, une association de joailliers qui a développé un centre de formation pour les artistes et artisans de la baie de San Francisco. En outre, Margaret De Patta est considérée comme une pionnière de l’American Studio Jewelry, donc proposer un travail de recherche autour des savoirs et des idées de la création joaillière diffusés par la créatrice  permettra d’étudier depuis une perspective originale ce mouvement qui s’étend des années 1940 aux années 1960 aux États-Unis. 

Expliquez-nous votre goût pour le bijou, la joaillerie.

Alice Barbaroux

J’avais un rapport plutôt quotidien et ornemental avec le bijou, un objet que j’affectionne depuis mon enfance. C’est en passant par le travail du métal et donc l’aspect sculptural du bijou que j’ai pu voir l’objet différemment et être étonnée par le bijou. Cet étonnement face à l’artisanat d’art m’a donc poussée à suivre une préparation au CAP de bijouterie-joaillerie, à me spécialiser dans l’histoire du bijou, à me documenter sur ses aspects anthropologiques, sociaux ou symboliques. Il est donc très satisfaisant et enrichissant de pouvoir lier mes recherches universitaires et mon apprentissage en bijouterie-joaillerie, un domaine nourrit l’autre, réciproquement.

Comment allez-vous utiliser la bourse de Master qui vient de vous être decernée ?

Alice Barbaroux

Un fonds d’archives nommé Margaret De Patta papers est conservé aux Archives of American Art de Washington. Ce fonds réunit les notes de cours et les écrits de la créatrice dont la consultation me permettra de réaliser ce projet de mémoire. La bourse délivrée par L'École des Arts Joailliers financera donc un séjour de recherche au sein de cette institution.

Connaissiez-vous L’École des Arts Joailliers avant de candidater à cette bourse ?

Alice Barbaroux

Je connaissais L’École des Arts Joailliers avant de présenter ma candidature à cette bourse. J’ai en effet visité plusieurs expositions organisées par L’École telles que Jean Vendome, artiste joaillier et, dernièrement, Pierres gravées. J’ai aussi pu acquérir de solides connaissances à propos de l’histoire du bijou et des techniques en consultant les conférences disponibles en ligne sur le site de L’École.