Qu’est-ce qui vous a amené à ce champ d’études sur le bijou ?
J’avais initialement envisagé de travailler sur les objets précieux néo-médiévaux, mais, en approfondissant mes recherches, j’ai remarqué avec surprise que les bijoux, pourtant incontournables dans l’imaginaire de cette époque, avaient été bien moins étudiés. Cette observation m’a fascinée, d’autant plus que le XIXe siècle marque pratiquement la naissance des grandes maisons joaillières, qui vont définir des styles et des savoir-faire encore admirés aujourd’hui. Spécialisée sur cette période, je souhaitais comprendre comment ces créations, à la fois luxueuses et emblématiques, traduisent l’engouement pour le Moyen Âge (et sa réception) tout en intégrant les dynamiques économiques, sociales et culturelles de leur temps. Cette thématique, à la croisée de l’art, de l’histoire, du symbolisme, des techniques, me semblait donc idéale pour allier mes centres d’intérêt et mes recherches.
Qu’est-ce qui vous intéresse dans votre sujet ?
Ma passion pour le XIXe siècle, siècle de "redécouverte" du Moyen Âge, m’a poussée à explorer un domaine souvent négligé comme les bijoux, contrairement à la littérature ou à la peinture. En tant qu’étudiante en histoire de l’art, j’apprécie particulièrement comment les bijoux permettent d’aller au-delà de l’art en lui-même – bien qu’ils soient déjà fascinants par leur beauté – pour explorer des dynamiques plus larges, comme l’économie, la mode ou la société. Étudier les bijoux offre une opportunité unique de combiner ces approches pluridisciplinaires, en mettant en lumière leur rôle au cœur des transformations culturelles de cette période.
Quel est votre bijou préféré ?
La couronne de la princesse Blanche (v. 1370-1380), exposée dans le trésor de la Résidence de Munich, ancien palais royal des Wittelsbach, où elle est conservée depuis 1782. Mon intérêt pour la couronne de la princesse Blanche trouve ses racines dans l'admiration que j'éprouve pour l'exubérance décorative dans les pièces joaillières de manière générale. L'opulence des matériaux de la couronne ; or, diamants, rubis, émeraudes, saphirs, émail et perles, témoigne d'un savoir-faire artisanal d'une finesse remarquable à l'époque médiévale. Au-delà de son aspect purement visuel, cette couronne revêt à mes yeux une importance historique considérable. En tant qu'une des plus anciennes couronnes royales anglaises, datant probablement de 1370-1380, elle constitue un témoin privilégié du faste et du raffinement des cours européennes du Moyen Âge. Elle incarne à la fois la puissance et la beauté, deux attributs indissociables de la royauté à cette époque.