Lauréats bourses de Master 2024

Interviews des lauréats des bourses de Master de L'École des Arts Joailliers, édition 2024

L’École des Arts Joailliers, avec le soutien de Van Cleef & Arpels, a créé en 2019 des bourses annuelles d’études destinées à des étudiants inscrits à l’université en Master recherche en histoire de l’art ou en gemmologie, sur un sujet en lien avec la joaillerie.

Ce soutien financier à la recherche s’inscrit dans les missions de L’École des Arts Joailliers, qui œuvre non seulement à la diffusion mais aussi à la construction du savoir joaillier.

Découvrons ci-dessous les lauréats 2024 !

Portrait de Chloé Auberville

Chloé Auberville

"La représentation des bijoux dans les portraits féminins de John Singer Sargent"

Université de Tours

Qu’est-ce qui vous a amené à ce champ d’études sur le bijou ? 

Le bijou et ses représentations ont toujours attisé ma curiosité. Mais c’est grâce au tableau La Dame à la licorne de Raphaël à la galerie Borghèse, que j’ai eu l’occasion de voir il y a quelques années, que, pour la première fois, l’idée d’étudier le bijou dans la peinture m’a semblé être une évidence. Je me suis immédiatement posé de nombreuses questions à propos du collier présent dans le tableau et j’ai alors souhaité me spécialiser sur le bijou dans l’art. 

Qu’est-ce qui vous intéresse dans votre sujet ? 

J’apprécie particulièrement la variété du corpus de mon sujet. Je questionne le rôle du bijou dans l’ensemble des peintures de John Singer Sargent et je ne me restreins pas à uniquement travailler sur ses célèbres portraits. Bien que sa production soit connue, elle est très variée et certaines de ses œuvres ne sont que peu étudiées. J’aime ainsi mettre en avant ses œuvres moins connues et remarquer que le bijou est un pilier majeur dans la production artistique de l’artiste. 

Quel est votre bijou préféré ?

Il est vraiment difficile de n'en choisir qu’un ! En peinture, ce serait le collier de La Dame à la licorne de Raphaël pour les raisons évoquées ci-dessus. En physique je pense principalement à un collier que j’ai acheté lors d’un magnifique voyage universitaire à Florence l’an dernier. Ce collier n’a pas de valeur financière mais possède une très grande valeur sentimentale à mes yeux. Il me rappelle à chaque fois mes merveilleux amis, nos rires, notre émerveillement et nos moments magiques passés sous la pluie italienne.

Marine Brondino

Marine Brondino

"La réception de l’orfèvrerie médiévale dans les arts au XIXe siècle et au début du XXe sècle"

Université Paris-Nanterre

Qu’est-ce qui vous a amené à ce champ d’études sur le bijou ? 

J’avais initialement envisagé de travailler sur les objets précieux néo-médiévaux, mais, en approfondissant mes recherches, j’ai remarqué avec surprise que les bijoux, pourtant incontournables dans l’imaginaire de cette époque, avaient été bien moins étudiés. Cette observation m’a fascinée, d’autant plus que le XIXe siècle marque pratiquement la naissance des grandes maisons joaillières, qui vont définir des styles et des savoir-faire encore admirés aujourd’hui. Spécialisée sur cette période, je souhaitais comprendre comment ces créations, à la fois luxueuses et emblématiques, traduisent l’engouement pour le Moyen Âge (et sa réception) tout en intégrant les dynamiques économiques, sociales et culturelles de leur temps. Cette thématique, à la croisée de l’art, de l’histoire, du symbolisme, des techniques, me semblait donc idéale pour allier mes centres d’intérêt et mes recherches.

Qu’est-ce qui vous intéresse dans votre sujet ?

Ma passion pour le XIXe siècle, siècle de "redécouverte" du Moyen Âge, m’a poussée à explorer un domaine souvent négligé comme les bijoux, contrairement à la littérature ou à la peinture. En tant qu’étudiante en histoire de l’art, j’apprécie particulièrement comment les bijoux permettent d’aller au-delà de l’art en lui-même – bien qu’ils soient déjà fascinants par leur beauté – pour explorer des dynamiques plus larges, comme l’économie, la mode ou la société. Étudier les bijoux offre une opportunité unique de combiner ces approches pluridisciplinaires, en mettant en lumière leur rôle au cœur des transformations culturelles de cette période. 

Quel est votre bijou préféré ?

La couronne de la princesse Blanche (v. 1370-1380), exposée dans le trésor de la Résidence de Munich, ancien palais royal des Wittelsbach, où elle est conservée depuis 1782. Mon intérêt pour la couronne de la princesse Blanche trouve ses racines dans l'admiration que j'éprouve pour l'exubérance décorative dans les pièces joaillières de manière générale. L'opulence des matériaux de la couronne ; or, diamants, rubis, émeraudes, saphirs, émail et perles, témoigne d'un savoir-faire artisanal d'une finesse remarquable à l'époque médiévale. Au-delà de son aspect purement visuel, cette couronne revêt à mes yeux une importance historique considérable. En tant qu'une des plus anciennes couronnes royales anglaises, datant probablement de 1370-1380, elle constitue un témoin privilégié du faste et du raffinement des cours européennes du Moyen Âge. Elle incarne à la fois la puissance et la beauté, deux attributs indissociables de la royauté à cette époque.

Louison Buray

Louison Buray

"La représentation du thème des fonds marins dans les bijoux Art nouveau (1880-1914)"

Université de Lille

Qu’est-ce qui vous a amené à ce champ d’études sur le bijou ?

Le choix de ce champ d’études sur le bijou est arrivé un peu par hasard. Je savais que je voulais me tourner vers les arts décoratifs, car j’adore étudier les objets et leur histoire. Ce n’est qu’après un cours en troisième année de licence portant sur le bijou Art nouveau que cette possibilité a commencé à émerger. Après en avoir discuté avec ma directrice de mémoire, celle-ci m’a conseillé de jeter un coup d'œil à l’exposition "Un art nouveau - Métamorphoses du bijou (1880-1914)" ayant eu lieu au sein de L'École des Arts Joailliers en 2023, et qui présentait une section évoquant le thème des fonds marins dans les bijoux. Ce fut une évidence.

Qu’est-ce qui vous intéresse dans votre sujet ?

Ce sujet est particulièrement intéressant, car il touche à de nombreux domaines. La science a évidemment joué un grand rôle dans la création de ce répertoire iconographique inédit avec la naissance de l’océanographie, mais il possède également un aspect sociologique, car le choix de ce thème représente parfaitement l’ambiguïté de l’homme de fin de siècle, entre fascination et crainte pour cette société changeante, imprévisible, comme l’est naturellement la mer. Cela apporte une grande variété d'œuvres au sein du même sujet, entre naturalisme et fantastique, aucun bijou ne se ressemble. La créativité sans limite des artistes influencés par le monde qui les entoure est fascinante.

Quel est votre bijou préféré ?

Bien que mes bijoux favoris soient évidemment ceux qui m’ont été offerts par ma famille, mon premier véritable coup de cœur fut une parure à détails fleuris que porte Audrey Hepburn dans le film Vacances romaines. Déjà petite, je regardais ce film en boucle, j’étais véritablement fascinée par l’élégance de l’actrice et par cet ensemble composé d’une tiare, d’une paire de boucles d’oreilles ainsi que d’un collier en diamant, qui rayonnait de manière assez envoûtante à l’écran.

Portrait d'Hortense Édouard

Hortense Édouard

"La représentation des bijoux dans la peinture médiévale du XIVe au début du XVIe siècle"

Université Toulouse-Jean Jaurès

Qu’est-ce qui vous a amené à ce champ d’études sur le bijou ? 

Le thème des bijoux m’a toujours fascinée, notamment pour leur symbolique et l’attachement émotionnel qu’ils suscitent. Mon intérêt pour ce champ d’études s’est véritablement éveillé lors d’un cours sur l’orfèvrerie médiévale, où les différentes typologies de bijoux et les pierres utilisées m’ont tout de suite captivée. Par ailleurs, ayant une affection particulière pour la peinture, j’ai trouvé naturel et enrichissant de chercher à établir un lien entre ces deux domaines.

Qu’est-ce qui vous intéresse dans votre sujet ?

Ce qui me plait le plus dans mon sujet c’est le fait de pouvoir croiser les sources archéologiques avec la peinture. Il est tout à fait fascinant de voir comment l’étude de la peinture s’avère essentielle pour témoigner de bijoux aujourd’hui disparus. Par ailleurs, travailler sur ces objets, souvent réalisés avec des matériaux précieux et d’une grande beauté, est particulièrement enrichissant et agréable. Il est également passionnant d’explorer si une corrélation existe entre les découvertes archéologiques et les représentations picturales.

Quel est votre bijou préféré ?

Mon bijou préféré est la bague. J’ai grandi en voyant ma mère en porter nourrissant certainement ma fascination pour ces objets. La bague est aussi le bijou que l’on peut le mieux admirer lorsqu’on le porte, ce qui en renforce l’attrait. J’éprouve une affection particulière pour les bagues médiévales, qui me touchent par leurs formes épurées, leurs décorations discrètes parfois de rinceaux, et l’importance accordée à la pierre, souvent mise en valeur avec une grande simplicité. Ces bagues reflètent pour moi une esthétique intemporelle qui ne cesse de m’inspirer.

Portrait de Camille Levent

Camille Levent

"Le Néo-byzantin dans la mode et la joaillerie française de la deuxième moitié du XIXe siècle"

Université Lumière-Lyon 2

Qu’est-ce qui vous a amené à ce champ d’études sur le bijou ?

C’est durant mes années de bachelor que j’ai été amenée à travailler avec le conservateur du musée des Beaux-Arts de Lyon, François Planet, qui m’a fait découvrir la glyptique puis le bijou. J’ai tout de suite été fascinée par ces objets, tant pour leur aspect esthétique qu’historique : ils sont pour nous une véritable source d’information lorsque l’on s’intéresse au contexte de leur création et aux choix iconographiques, matériels et formels par lesquels ils se définissent. J’ai par la suite rencontré et pu m'enrichir intellectuellement auprès d’autres professionnels, cette fois-ci du marché de l’art, travaillant avec des bijoux anciens, notamment Hadrien Rambach. Enfin, j'ai eu la chance de suivre une formation en gemmologie, ce qui, en plus des compétences scientifiques et matérielles inhérentes aux bijoux, m’a permis de développer mon sens de l’observation et ma sensibilité.

Qu’est-ce qui vous intéresse dans votre sujet ?

Le néo-byzantin est un aspect assez négligé aujourd’hui lorsque l’on se penche sur les productions du XIXe siècle, tant les goûts néo-gothiques, éclectiques ou encore archéologiques ont marqué cette époque. Noyé parmi ces différents styles, j'aimerais étudier ce goût byzantin et sa réception dans les sociétés du XIXe siècle, ce qui me permettra aussi d’aborder l’aspect sociologique du monde de la joaillerie, qui est également l’objet de trop peu de recherches.

Quel est votre bijou préféré ?

L’un de mes bijoux préférés, ou du moins celui qui m’a le plus marquée, est un camée romain en calcédoine, de la collection Marlborough et conservé au Getty Museum (inv. n°2001.28.11), représentant une main qui pince un lobe d’oreille. J’ai tout de suite été intriguée par ce motif qui ne résonne plus à notre époque. Pourtant, au Ve siècle, c’était une manière de signifier une demande d’attention de la part de l’être aimé. J’aime la petite histoire qui entoure cette agate et qui, malgré les siècles, nous rend proche de ces gens.

Portrait de Pauline Moitry

Pauline Moitry

"La mise en scène du bijou à l'Exposition internationale des arts décoratifs de 1925"

Sorbonne-Université

Qu’est-ce qui vous a amené à ce champ d’études sur le bijou ?

Mon intérêt pour le bijou réside dans sa double nature : à la fois œuvre d’art et prouesse technique. Sa capacité à refléter les évolutions sociales, artistiques et technologiques m’a toujours fascinée. C’est cette richesse symbolique et esthétique qui m’a conduite à vouloir entreprendre mes recherches dans ce domaine, afin d’explorer plus en profondeur le rôle du bijou au sein des arts décoratifs et son impact sur l’histoire de l’art et plus particulièrement la muséologie.

Qu’est-ce qui vous intéresse dans votre sujet ?

Ce qui m’intéresse dans mon sujet, c’est de comprendre comment la mise en scène des bijoux à l’Exposition de 1925 a influencé leur perception, les faisant passer d’objets ornementaux à de véritables œuvres d’art. Analyser les stratégies muséologiques employées permet de comprendre comment l’exposition a contribué à redéfinir les bijoux dans le cadre des arts décoratifs, tout en reflétant les enjeux esthétiques et culturels de l’époque. Ce sujet offre une occasion unique d’explorer le rôle de la présentation dans la construction de la valeur culturelle et esthétique d’un objet d’art.

Quel est votre bijou préféré ?

Il m’est difficile de choisir un bijou parmi mes préférés, mais l’un d’eux est le collier Zip de chez Van Cleef & Arpels. Inspiré d’un fermoir éclair, il allie innovation et élégance intemporelle. Sa versatilité, permettant de le porter en collier ou en bracelet, me séduit particulièrement. Ce mécanisme ingénieux et raffiné reflète le savoir-faire unique de la Maison. Les lignes fluides et les pierres précieuses apportent une harmonie parfaite entre modernité et sophistication. Cette combinaison d’audace créative, de polyvalence et de maîtrise artisanale en fait une pièce qui m’inspire profondément.

Portrait d'Ava Tamisier

Ava Tamisier

"La symbolique des pierres précieuses dans les bijoux au Moyen Âge : entre croyance et esthétique"

Université Toulouse-Jean Jaurès

Qu’est-ce qui vous a amené à ce champ d’études sur le bijou ?

Lors de ma troisième année de licence, j’ai suivi le cours "enluminure et orfèvrerie" de Madame Czerniak, une expérience déterminante qui m’a fait découvrir ma passion pour les bijoux médiévaux de la fin du Moyen Âge. J’ai toujours été attirée par l’éclat des pierres précieuses et leur esthétique qui me captive. Les croyances médiévales, qu' elles soient de nature religieuse ou profane, attribuent des vertus spécifiques aux pierres et ont nourri ma curiosité. Révélant leur rôle à la fois ornemental et chargé de sens dans l’imaginaire de l’époque.

Qu’est-ce qui vous intéresse dans votre sujet ?

Ce que j’apprécie particulièrement dans mon sujet, c’est l’émerveillement suscité par la beauté des pierres précieuses serties sur les divers types de bijoux. La minutie des artisans de cette époque est remarquable, chaque détail témoignant d’un savoir-faire exceptionnel. Le travail d’orfèvre, réalisé avec une précision presque magique, confère aux pièces une élégance rare. La finesse des lignes et des courbes illustre toute la virtuosité et la créativité des créateurs médiévaux. Ce sont des bijoux porteurs d’intentions symboliques, exprimant des actes d’amour, d’amitié ou de chevalerie. Ainsi, une bague du XIVe siècle offerte par le roi Édouard III à Jacob Van Artevelde arbore l’inscription "Sans fin loiauté", un message poétique renforçant un lien d’amitié. C’est un voyage d’esthétique et de poésie que je vis chaque jour à travers mes sources littéraires et archéologiques.

Quel est votre bijou préféré ?

Le défi, lorsqu’on étudie des objets aussi précieux et magnifiques, réside dans le fait qu’on élargit sans cesse la liste des bijoux que l’on pourrait inscrire dans une liste de souhaits. Il m’est difficile de désigner un bijou préféré en particulier, car j’en découvre de nouveaux chaque jour, chacun surpassant le précédent dans mon admiration. Mon bijou préféré d’hier devient ainsi une nouvelle référence, remplacée par d’autres découvertes tout aussi fascinantes. Je dirais plutôt que je possède une collection mentale de bijoux préférés, toujours en expansion !

Cérémonie de remise des bourses de Master 2024

Cérémonie de remise des bourses de Master 2024

© L'École des Arts Joailliers, photo Dylan Dubois
Cérémonie de remise des bourses de Master 2024

Cérémonie de remise des bourses de Master 2024

© L'École des Arts Joailliers, photo Dylan Dubois
Cérémonie de remise des bourses de Master 2024

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© L'École des Arts Joailliers, photo Dylan Dubois
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© L'École des Arts Joailliers, photo Dylan Dubois
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© L'École des Arts Joailliers, photo Dylan Dubois

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