La beauté à l’état brut au musée de Minéralogie de l’École des Mines

Par Sandrine Merle
Dans le cadre du projet des "Lieux du bijou", partenariat entre L'École des Arts Joailliers et The French Jewelry Post

La beauté à l’état brut au Musée de Minéralogie de l’École des Mines

D’où viennent diamant, turquoise, émeraude, opale ? À quoi ressemblent-ils avant que la main de l’Homme ne les métamorphose en bijoux ? C’est ce que nous révèle ce musée au charme fou. 

Dès l’entrée, on est saisi par la beauté des minéraux bruts, extraits tels quels des entrailles de la Terre. Des formes parfaitement géométriques ou bizarroïdes évoquant un visage, des couleurs changeantes voire fluo, des textures vaporeuses… Difficile de croire que la Nature, seule, est à l’origine de tels miracles. Paradoxe absolu, l’esthétique n’a jamais été l’objectif de ce musée. Sa création, dès 1794, est en effet liée à celle de l’École des Mines : installé dans le même hôtel particulier avec vue sur les serres du jardin du Luxembourg à Paris, il est alors destiné à « contenir toutes les productions du globe et toutes les productions de la République ». Oxydes de fer et/ou de cuivre, silex, météorites, or, soufre, diamants, … forment alors un « inventaire de la Terre » destiné à la formation des professeurs et des étudiants ainsi qu’à la prospection géologique. 


Il y a des milliards d’années…

Dans les vitrines du XIXe siècle, en chêne de Hongrie, les minéraux sont aujourd’hui majoritairement classés par familles chimiques. Il faut se laisser porter par leur beauté, leurs formules, les couleurs, leurs provenances. Afrique du Sud, Brésil pour les diamants. Zambie et Colombie pour l’émeraude. Ou encore Sri Lanka et France pour le saphir.  Le musée nous permet d’aller plus loin et de comprendre comment ils se sont formés. « Le minéralogiste ne va jamais chercher du cuivre, de l’or, de l’émeraude ou du diamant (trop petits), il va chercher la roche qui les contient », explique Éloïse Gaillou, directrice du musée. On découvre ainsi un rubis du Vietnam cristallisé dans du marbre blanc, un saphir dans de la roche métamorphique ou un diamant de la mine Premier (Afrique du Sud) dans de la kimberlite. Une roche qui lui a permis de remonter à la surface de la Terre. L’échantillon qui en témoigne aujourd’hui, encore prisonnier de sa gangue, est rarissime. 

Pourquoi une pierre et pas une autre ?

Tous les minéraux exposés sont avant tout considérés comme des sujets de science. Parmi les 100 000 que compte la collection, peu sont finalement destinés à la joaillerie. « Le regard du minéralogiste n’est pas celui du gemmologue qui sélectionne les pierres pour le joaillier. Pour le premier, le cristal doit d’abord être bien formé. Pour le second, le cristal doit être de qualité gemme autrement dit d’une couleur et d’une transparence incroyables, ce qui est finalement assez rare. La dureté est aussi essentielle pour que le lapidaire puisse les transformer en bijoux », explique Éloïse Gaillou. La spectaculaire aragonite aux tentacules blanches et la Brazilianite qui, au moindre geste du lapidaire, se casse en mille morceaux ne termineront jamais chez un joaillier. Pas plus que la pyrite à la beauté métallique, qui se dégrade facilement. Et qui, en plus, dégage de l’acide sulfurique. 

Comment faire d’un brut, un joyau ?

Les cristaux bruts de tourmaline, de péridot, de tanzanite ou encore d’améthyste sont rarement montés en bijoux ; le créateur Jean Vendome fut l’un des rares à le faire dans les années 1950-1960. Le joaillier va donc déployer l’habileté, la virtuosité et l’intelligence de la main : il va les faire polir, tailler, facetter par un lapidaire dans le but de sublimer couleur et éclat. Comme en témoignent quelques améthystes et des émeraudes ayant orné les Joyaux de la Couronne. Ce merveilleux Musée de Minéralogie, quasiment inchangé depuis le XIXe siècle, montre ainsi comment l’homme reprend la main sur la Nature.
 

Visitez la collection du musée à L'École Asie-Pacifique

Exposition "Journey with Minerals" à Hong Kong 
présentée par
L'École Asie-Pacifique
Soutenue par Van Cleef & Arpels

20.07.2024 - 31.10.2024
510A, 5F, K11 MUSEA, 18 Salisbury Road, Tsim Sha Tsui, Hong Kong
Entrée gratuite, de 13h à 19h tous les jours

Pour en savoir plus sur le musée, consultez le site French Jewelry Post : "10 pierres incontournables au Musée de Minéralogie de Mines Paris - PSL"

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Maître de conférences au Collège de France, spécialiste de l'histoire du dessin documentaire et de l'illustration scientifique entre XVIème et XVIIème siècles, expert du développement de la peinture de genre (portrait, nature morte, peinture de fleur).