Le Schmuckmuseum Pforzheim

Par Sandrine Merle
Dans le cadre du projet des "Lieux du bijou", partenariat entre L'École des Arts Joailliers et The French Jewelry Post

The entrance of the Schmuckmuseum Pforzheim

Le Schmuckmuseum Pforzheim, 5 000 ans d’histoire du bijou

Loin des grandes métropoles, le Schmuckmuseum Pforzheim est le seul musée au monde à retracer 5 000 ans d’histoire du bijou. Voici comment est née sa fabuleuse collection composée de 10 000 pièces.

Celui qui s’intéresse au bijou doit, au moins une fois dans sa vie, être allé au Schmuckmuseum Pforzheim situé tout près de Karlsruhe, dans la Forêt Noire. Dans la Reuchlinhaus, bâtiment cubique de grès et de verre, deux mille pièces sont présentées chronologiquement, sur deux étages. Elles forment un panorama allant de l’âge de bronze (au IIIe millénaire avant J.-C.) à aujourd’hui. En plus de cette collection historique, le Schmuckmuseum Pforzheim en expose trois autres dédiées aux bagues, aux montres à gousset et aux bijoux ethnographiques.

Schmuckmuseum Pforzheim

Schmuckmuseum Pforzheim

© Schmuckmuseum Pforzheim, Photo Winfried Reinhardt
The room dedicated to ethnographical jewelry Schmuckmuseum Pforzheim Photo Winfried Reinhardt Cornelie

Salle dédiée aux bijoux ethnographiques

© Schmuckmuseum Pforzheim, Photo Winfried Reinhardt
The entrance of the Schmuckmuseum Pforzheim

Entrée du Schmuckmuseum Pforzheim

© Schmuckmuseum Pforzheim, Photo Winfried Reinhardt
Cornelie Holzach, director of Pforzheim’s Jewellery Museum © Schmuckmuseum Pforzheim Photo Winfried Reinhardt

Cornelie Holzach, directrice du Schmuckmuseum Pforzheim

© Schmuckmuseum Pforzheim, Photo Winfried Reinhardt

La collection historique, un voyage initiatique

Grâce à la présentation chronologique, la collection est accessible même par les néophytes. Ils peuvent se laisser porter tout au long de cette fabuleuse frise historique. Elle commence par un pendentif-galet percé datant de la fin du IIe millénaire avant notre ère et se termine par une énorme section dédiée aux bijoux contemporains et d’avant-garde. L’Allemagne étant référente dans ce domaine. Y figurent Peter Chang, Otto Künzli, Barbara Paganin ou encore Iris Bodemer. Entre les deux, des merveilles. Des fibules préceltiques. Une couronne funéraire grecque réalisée avec des feuilles d’or. Une bague sceau de pharaon. Le collier en filet d’or ayant probablement appartenu à l’impératrice Marie-Louise. Des parures en cheveux ou en fer de Berlin. Des broches de René Lalique et de Fouquet. René Boivin, Cartier et Tiffany sont là tout comme les bijoutiers de l’École de Padoue. Ce voyage initiatique comprend des bijoux humbles comme des masterpieces tels qu’un pendentif perroquet en émail de la Renaissance, un bracelet de Jules Wièse ou une paire de boucles d’oreilles du 6e siècle avant J.-C. en or travaillé selon la technique de la granulation.

Aux origines de la collection

« Les prémices de cette collection remontent à 1767. À Pforzheim, le margrave (prince souverain) passe des contrats avec des entrepreneurs français et allemands pour la production « d’objets fins en acier » afin de renflouer les caisses. On forme dans les manufactures les orphelins et les indigents contre gîte et couvert car il s’agit aussi de prévenir les conflits sociaux. Pforzheim devient ainsi un centre important de l’industrie de la bijouterie et de l'horlogerie… », explique Cornelie Holzach directrice du Schmuckmuseum Pforzheim. Pour instruire les apprentis orfèvres et les créateurs, Pforzheim crée l’École grand-ducale des arts décoratifs (Kunstgewerbe-Verein) et la société des Beaux-arts et des Arts décoratifs (Kunstgewerbeschule). En 1877, les deux institutions initient cette collection, elles achètent des bijoux (principalement en France, épicentre de la joaillerie et de l’Art nouveau) pour servir de source d’inspiration et améliorer le niveau. Très vite, l’accusation de copie voire de plagiat surgit et enveniment les relations des deux pays de part et d’autre du Rhin.

Trois autres collections

Dès 1900, la collection historique s’enrichit d’une collection de bagues dont le cœur a été constitué par un industriel de la ville. Composée de 1 200 modèles, elle comprend notamment des bagues juives et de très beaux spécimens ornés de camées et d’intailles. En 1985, le musée accueille un prêt de longue durée : la collection ethnographique du couple Herion qui, depuis 2020, est intégrée dans le fond. Dans une salle dédiée, pectoraux, boucles d’oreille, bracelets d’Afrique et d’Asie sont mis en regard de pièces occidentales. Ainsi un collier en bronze du Cameroun côtoie un collier René Lalique en verre et un autre en fer de Berlin du XIXe siècle. Les passionnés d’horlogerie peuvent finalement découvrir des spécimens de la collection de montres à gousset (datant de 1550 à 1923) constituée par l’horloger Philipp Weber. Ici, la sélection vise à montrer l’évolution d’un point de vue de l’histoire de l’art.

C’est un miracle de pouvoir admirer aujourd’hui cette collection : en 1945, les bombardements des alliés détruisirent totalement la ville. Elle se trouvait à l’abri, cachée dans la Forêt Noire. Alors foncez au Schmuckmuseum Pforzheim, à seulement 4h de Paris en TGV.

Jewish engagement/wedding ring in gold, enamel - Venetian, Italy, 16th century © Schmuckmuseum Pforzheim Photo Petra Jaschke

Bague juive de fiançailles/mariage – Vénétie, Italie, XVIe siècle

© Schmuckmuseum Pforzheim, Photo Petra Jaschke
Pocket watch with chatelaine in gold - About 1740 © Schmuckmuseum Pforzheim Photo Günter Meyer

Montre châtelaine en or – Vers 1740

© Schmuckmuseum Pforzheim, Photo Günter Meyer
Imankeek collar in glass beads, leather, metal - Kenya, Maasai, 20th century Eva & Peter Herion Collection © Schmuckmuseum Pforzheim Photo Petra Jaschke

Collier Imankeek en métal, perles de verre, cuir – Kenya, Massaï, XXe siècle Collection Eva & Peter Herion

© Schmuckmuseum Pforzheim, Photo Petra Jaschke
Arm bracelet in ivory – Sudan, 20th century Eva & Peter Herion Collection © Schmuckmuseum Pforzheim Photo Petra Jaschke

Bracelet de bras en ivoire – Soudan, XXe siècle Collection Eva & Peter Herion

© Schmuckmuseum Pforzheim, Photo Petra Jaschke
Affiche Art Nouveau FR.jpg

Exposition "Un art nouveau. Métamorphoses du bijou, 1880-1914"

Certaines des pièces du Schmuckmuseum Pforzheim sont présentées dans notre exposition "Un art nouveau. Métamorphoses du bijou, 1880-1914", du 2 juin au 30 septembre 2023, à L’École des Arts Joailliers à Paris.

 

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Schmuckmuseum Pforzheim

Schmuckmuseum Pforzheim

© Schmuckmuseum Pforzheim, Photo Winfried Reinhardt

Les bijoux Art nouveau du Schmuckmuseum Pforzheim : une collection dans la collection

Le Schmuckmuseum Pforzheim possède 10 000 bijoux. Elle en expose 2 000 retraçant l’histoire du bijou de façon chronologique. Je me suis intéressée à la section très riche consacrée à l’Art nouveau. Véritable collection dans la collection, elle présente les différentes versions européennes de ce courant stylistique.

Par Sandrine Merle.

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