Situé dans les Vosges, ce musée met en lumière l’œuvre verrière de René Lalique au travers de 650 objets allant des années 1890 à aujourd’hui. On y découvre également des bijoux qui méritent, à eux-seuls, le déplacement.
Cinq raisons d’aller au musée Lalique
Par Sandrine Merle
Dans le cadre du projet des "Lieux du bijou", partenariat entre L'École des Arts Joailliers et The French Jewelry Post
Cinq raisons d’aller au musée Lalique
Collier de chien « Pensée » en or, diamants, émail, perles – Vers 1902-1904 Collection musée Lalique. Dépôt Shai Bandmann et Ronald Ooi
© Studio Y. Langlois1. L’unique musée Lalique en Europe
Ouvert en 2011, ce musée public consacré au maître de l’Art nouveau est au cœur d’une région au riche passé verrier. Et c’est dans ce village de Wingen-sur-Moder que l’artiste protéiforme a installé sa manufacture en 1921. Si la collection, organisée de façon chronologique, est consacrée à son œuvre verrière, il y a également une soixantaine de magnifiques bijoux.
Pendentif-ornement de corsage "Papillons de Nuit" en or, brillants, émail et verre - Vers 1906-1907 Collection musée Lalique. Dépôt Shai Bandmann et Ronald Ooi
© Studio Y Langlois2. "L’inventeur du bijou moderne"
Les bijoux, rassemblés dans la première salle, forment une belle introduction et permettent de comprendre en quoi René Lalique était « l’inventeur du bijou moderne ». À la fin du XIXème siècle, ce joailler bouleverse les codes de la joaillerie classique, il délaisse les pierres précieuses pour privilégier la puissance expressive de l’ivoire, de la corne et surtout de l’émail translucide, sa matière fétiche. Tout est nouveau y compris ses inspirations : la femme hybridée avec le papillon, les sensations fugitives observées dans la nature, la flore de la graine à la flétrissure, les animaux inquiétants tel que guêpes, chauve-souris, etc. René Lalique s’impose comme LE joaillier de l’Art nouveau.
Ornement de corsage vol d’hirondelles hirondelles en or, argent, diamant, rubis - Vers 1866-1867 Collection musée Lalique. Dépôt Shai Bandmann et Ronald Ooi
© Rami Solomon & Kineret Levy Studio, Israel3. Des pièces emblématiques de son génie créatif
Le musée conserve des pièces référentes figurant dans les ouvrages et les expositions internationales comme le devant de corsage composé de 5 hirondelles (un des premiers bijoux de Lalique). Il est le seul à posséder une remarquable série de colliers de chien formés par de spectaculaires plaques émaillées. C’est également ici qu’on peut découvrir la broche papillons de nuit sublimés en verre bleu gris ou le bracelet « Le Baiser du Faune » en verre vert vif. « René Lalique a une prédilection pour cette matière offrant la possibilité de travailler en volume pour obtenir de mini sculptures et de fantastiques jeux de lumière. L’effet est incomparable : les figures sortent du cadre et prennent vie », explique Véronique Brumm Schaich directrice du musée.
Dessin pour un pectoral égyptien « Hanneton ailes ouvertes » - Vers 1898 ? - Encre de chine, aquarelle. Collection Musée Lalique
4. S’attarder dans le cabinet graphique…
… pour la vingtaine d’études et de dessins préparatoires originaux renouvelés tous les 6 mois. Rappelons-le, René Lalique excelle en technique (il dépose nombre de brevets) mais également en illustration : il a commencé en dessinant des modèles pour tous les grands joailliers comme Chaumet ou Boucheron. Des projections agrandies de ses études permettent de déchiffrer au milieu des traits de crayon, les instructions destinées à l’atelier concernant la taille et le serti d’une pierre, la couleur de l’émail, etc.
Flacons tiares en verre soufflé-moulé
© Karine Faby5. L’œuvre verrière de René Lalique
Ce musée permet de replacer les bijoux dans le contexte d’une œuvre, par la suite, entièrement dédiée au verre. En effet en 1912, il cesse de créer tout collier, bracelet et peigne. La collection de flacons de parfums où se déploient sa virtuosité technique et ses éternelles inspirations, est impressionnante. Amateurs ne manquez pas les bouchons-tiare, clin d’œil à son premier métier ! On découvre ensuite une profusion de vases, services de table, coupes, luminaires de la période art déco. Il réalise même de l’art sacré. « L’inventeur du bijou moderne » est devenu le « poète du verre ». En 1945, cette matière vient à manquer ; René Lalique s’éteint : Marc, son fils, prend la voie du tout cristal, sujet de la dernière salle, pour préparer son entrée dans le XXIe siècle.
Musée Lalique
© David DesaleuxMusée Lalique, dans l’uni-verre de l’artiste
Situé à Wingen-sur-Moder, au cœur des Vosges du Nord riches d’une tradition verrière, ce musée permet de comprendre l’importance croissante prise par cette matière dans le travail de René Lalique. Au point qu’au sommet de son art, il abandonna le bijou.
Par Sandrine Merle.
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